Découverte aérienne de la Suisse, entre le lac Léman et le lac de Thun.

 

Deuxième quinzaine de juillet 2006. Une belle semaine de randonnée en groupe dans l’Oberland bernois se termine. Nous sommes partis de Lenk, dans la région de Simmental, pour finir à Grindelwald, au sud est d’Interlaken, en longeant la chaîne des hautes montagnes au sud dont les sommets sont bien connus des initiés. Chaque jour, nous franchissions un col avant de redescendre dans une autre vallée pour y passer la nuit, avec un dénivelé évoluant entre 1200 et 1600 m. Les paysages étaient magnifiques, surtout lorsqu’une nouvelle vallée se découvre au passage d’un col. Il faisait beau et chaud, c’était même la canicule en France, mais notre progression vers l’est nous permettait de monter le matin relativement à l’ombre des montagnes. Nous avons quand même bien crapahuté et perdu quelques litres de sueur, mais on s’en est mis aussi plein les mirettes en découvrant toutes les montagnes majestueuses telles que : Wildstrubel (au sud de Lenk, 3243 m), Blümlisalp (3650 m), et le célèbre trio de la Jungfrau (4158 m), le Mönch (4099 m) et l’Eiger (3970 m). Souvent, j’apercevais un ou deux planeurs ou parapentes isolés qui grimpaient sous un des nombreux cumulus qui chapeautaient les crêtes, en me régalant comme si j’étais déjà à leur place. Les plafonds devaient bien avoisiner les 3500 m ! Encore quelques jours, et je pourrais faire bientôt comme eux. Car j’entendais bien prolonger ma découverte pédestre du terrain par des découvertes aériennes très attendues.

Quelques mois auparavant, j’avais contacté par internet le président du club de parapente de Lenk, qui avait accepté de garder mon aile à l’abri pendant ma randonnée. Lorsque je l’ai rencontré en revenant chercher mon matériel, je me suis trouvé en face d’un homme remarquable, expérimenté, débordant de bon sens et de gentillesse. Il s’appelle Daniel Schneider. Nous avons immédiatement sympathisé, d’abord en allemand, puis en français, à tel point qu’il m’a invité à dormir chez lui pendant mon séjour à Lenk. Je suis resté confondu devant tant de gentillesse. Il faut dire que du haut de ses 61 ans, il organise toute l’année ses journées pour voler dès qu’une opportunité se présente, notamment pour emmener un client avec son beau parapente biplace flanqué du nom de la vallée, tout en assurant consciencieusement son travail qui n’est jamais qu’à cinq minutes à pied de chez lui ! L’enthousiasme ne manque pas chez Daniel, et l’accueil d’un deltiste français isolé (tout aussi enthousiaste) fait partie de sa nature. Sa femme Lotti m’a elle aussi ouvert sa porte chaleureusement, et le fait que je sois végétarien et ouvert aux médecines douces n’a pu que favoriser les bonnes relations. Lenk est un joli village à 1072 m d’altitude au fond d’une belle vallée bien verte orientée du nord au sud et parfaitement entretenue par tous ses habitants ! Les remontées mécaniques locales sont un moyen simple et rapide d’accéder aux diverses aires de décollages pour les parapentes. Mais les deltas sont des objets plutôt rarissimes dans la vallée, et les deux aires de décollages possibles, qui ne sont en fait que des bouts de pâturages relativement homogènes et suffisamment inclinés, ne sont accessibles qu’en 4?4 sous réserve de l’autorisation payante des propriétaires ! Heureusement que Daniel possède un tel véhicule, et comme il lui arrive régulièrement d’emmener plusieurs passagers sous les yeux de leur famille, il a déjà son forfait qui lui permet d’aller partout où il veut. Nous avons donc tout naturellement chargé mon échelle et mon aile sur le toit de son auto pour effectuer nos rotations. Si nécessaire, une tierce personne de l’entourage de Daniel nous accompagnait pour redescendre le véhicule. Le dimanche 23 et le lundi 24 juillet, nous n’avons fait que des vols locaux à partir du décollage ouest juste devant une étable (Obere Seewle à 2100 m d’altitude), la météo qui s’était dégradée ne nous ayant pas permis plus. Le dimanche, malgré les nuages menaçants, j’ai réussi à atteindre le sommet complètement couvert de l’Albristhorn vers 2770 m, avant de m’éclipser vers le nord ouest et d’atterrir chez les planeurs à Zweisimmen après 1h50 de vol. Pendant ce temps, l’orage de fin d’après midi éclatait dans le fond de la vallée. Retour en stop avec une charmante jeune femme !

Mardi 25 juillet. La météo s’annonce superbe. Daniel doit emmener deux adolescentes hongroises en baptême le matin. Le couple suisse allemand responsable les accompagne dans le 4?4. Daniel m’invite à me joindre à eux, car je pourrais ainsi m’envoler plus tôt du décollage est (Mülkerblatten, 1935 m) que je ne connais pas encore. Nous nous retrouvons donc à six dans le véhicule, qui doit parfois gravir des pentes frôlant bien les 45° d’inclinaison et avec un rigide sur le toit. L’expédition n’est pas triste à voir, mais nous arrivons à bon port, au bout d’un certain temps. Un brin de portage est toutefois nécessaire avant d’atteindre le site proprement dit. Autour du fanion indiquant la direction du vent, je découvre une butte à pâturages maculée de bosses et de trous, avec une pente relativement homogène orientée plein est mais abritée du côté nord par la crête à gauche. En contrebas, une clôture qui épouse une petite butte à droite se poursuit à gauche sous une rangée d’arbre. Cela ne ressemble pas vraiment à une aire large et dégagée. Un décollage en delta semble donc assez délicat, mais je pense que c’est réalisable, du moment que le vent reste bien de face. L’endroit est exigu pour déplier mon aile, mais on s’arrange. Daniel et sa passagère sont prêts en dix minutes (autre avantage du parapente dans ces circonstances), et décollent tandis que les cumulus commencent à bourgeonner sur les crêtes. Il doit être autour de 10h30. Malheureusement, ils effectueront un plouf et remonteront par les télécabines. Lorsque je suis prêt à décoller une heure plus tard, le vent faible tourne au nord est et s’y maintient volontiers. Pas de bol, je crains le renforcement de la brise de vallée sur les thermiques. Je piétine, cherche un meilleur endroit, reviens à la meilleure place pour effectuer ma course avec nécessairement un vent d’est, me décroche pour déplacer légèrement le fanion afin de mieux voir la composante nord. Au bout de quelques longues minutes, celle-ci s’évanouit et le vent semble revenir à l’est. Je décide alors de décoller, il est environ midi moins le quart.

Mon vol commence par l’évitement de justesse d’un grave accident. A peine mes pieds ont-ils quitté le sol, je sens l’aile gauche qui s’enfonce brutalement, ce qui provoque immédiatement un virage à gauche, en plein vers la butte de terre et de cailloux qui forme la crête à gauche du déco. Gloups ! Je voyais déjà le saumon gauche percuter le terrain, entraînant une collision de plein fouet de l’aile et du pilote avec la butte… Immédiatement, je tire de toutes mes forces sur le montant droit. L’aile change d’inclinaison et vire à droite, et passe même au-dessus de la rangée d’arbres qui n’était plus très loin ! Je m’entends pousser un cri de soulagement, il s’en est fallu de peu. Que s’est-il passé ? Dans l’impossibilité de voir comment le terrain en bas du déco est alimenté par le vent (les feuilles des arbres ne donnaient pas d’indication visible), je ne me suis pas rendu compte que l’aire de décollage n’était peut être pas complètement balayée à nouveau par un courant d’est, et qu’un bout de l’aile gauche a dû traverser une zone sous le vent de la crête encore soumise à un courant de nord est. Daniel me soutiendra que lorsqu’il a décollé avec sa seconde passagère un quart d’heure plus tard, le vent était à nouveau orienté plein est, pour lui c’était parfait. Pourtant la brise aurait pu l’emporter et cela aurait été cuit pour décoller en delta, et bon pour replier. Alors ai-je manqué de patience ? Ou au contraire ai-je été trop lent ? En tout cas, c’est dans ce genre de situation d’urgence que l’on peut mesurer et apprécier les qualités d’une aile, en l’occurrence sa manœuvrabilité. J’apprendrai quelques jours plus tard qu’un Exxtacy peut changer d’inclinaison de 30° d’un côté à 30° de l’autre en quatre secondes, avec une vitesse normale autour de 40 km/h, contre huit secondes pour un ATOS VR, fleuron des rigides. Si aujourd’hui, il m’avait été donné de piloter cette belle machine en ce lieu, je ne serais peut être tout simplement plus là pour en parler… Pour l’heure, je me remets de mes émotions, et crois bien que mon vol va se finir en un plouf pour la journée. Mais à mi-hauteur de la montagne, je traverse un petit courant ascendant et décide de m’enrouler dedans. La nécessité de me concentrer sur le pilotage pour continuer à monter me fait oublier complètement la frayeur du décollage, ce qui est une bonne thérapie. Peu à peu, l’ascendance se renforce, et finit par m’emmener carrément à la base du nuage à 3070 m. Super ! C’est formidable ! Je vais enfin pouvoir me promener au dessus des montagnes. La dérive traduit un vent météo d’est faible, mais je ne m’y fie guère, car aujourd’hui, je crois plus volontiers que le régime des brises de vallées donnera le ton. Une seule consigne : toujours voler au-dessus des crêtes !

Bon, d’accord, le plafond est trop bas pour envisager d’aller survoler le Wilstrubel et la plaine morte et de basculer ensuite vers la vallée du Rhône. En revanche, toute la région à l’ouest de Simmental, vers le lac Léman, est parfaitement accessible. Daniel m’avait d’ailleurs suggéré un joli circuit à faire dans le secteur. Alors c’est parti pour un cap à l’ouest. J’atteins rapidement le fond de la vallée voisine, Lauenental, qui d’ailleurs abrite la ville de Gstaad fréquentée par la jet set, et décide de regrimper le long d’une montagne cernant un haut plateau et qui n’est autre que le Spitzhorn (2807 m). Très rapidement, je me rends compte qu’il faut quand même aller gratter le caillou relativement près pour espérer trouver une bonne pompe, et que cela présente le risque non négligeable de me faire rabattre brutalement contre la paroi en cas de cisaillement violent. Un parapente peut virer très serré et épouser plus facilement la forme du rocher, un planeur a beaucoup plus d’inertie pour amortir les turbulences, mais en ce qui me concerne, je ne me sens pas assez téméraire pour continuer ce petit jeu, et préfère m’en aller gentiment vers une montagne plus modeste juste au nord et néanmoins coiffée par des beaux cumulus qui indiquent la présence d’ascendances tout à fait honorables. Une fois au plafond, je trace directement vers un pic qui marque le début d’une belle crête bien franche orientée dans ma direction (pic Walighürli, 2050 m). Après quelques tours de spirale, je laisse un lac sur ma droite pour continuer vers l’ouest, et reconnaît au loin le pic Chaussy évoqué par Daniel (2351 m). Mais alors la jolie vallée en contrebas d’où part un grand téléphérique, c’est la vallée de la commune des Diablerets. Au soleil des crêtes, les pompes deviennent un tantinet musclées, ça fouette de tous les côtés, et lorsqu’il m’arrive de passer en dessous de certains rochers, je n’hésite pas à m’éloigner un peu du caillou pour reprendre de l’altitude, même si le thermique est un moins fort. Entre temps, j’aperçois avec plaisir, bien au-dessus de ma position, deux rigides en formation qui taillent la route vers l’est. Je leur adresse un salut de la main qui ne semble pas avoir été reçu. Bientôt, le pic Chaussy est sous mes yeux, et après avoir fait le plein d’altitude, je traverse une grande et belle vallée boisée, dévoilant au milieu un ouvrage autoroutier que les Suisses savent bien faire, pour me diriger toujours à l’ouest vers une curieuse montagne dont les points culminants ressemblent étrangement à deux dents. Tout en regagnant de l’altitude sous le premier cumulus coiffant la montagne, je peux observer nettement les bords du lac Léman, ainsi que la désagrégation systématique des cumulus longeant la vallée du Rhône. Le plafond local se situe vers 2900 m, ce qui est moins encourageant qu’au début. Je décide que ces dents rocheuses (Tour d’Aï, 2331 m) constitueront mon premier point de virage. Il est déraisonnable de s’aventurer au-delà plus au sud.

Changement de cap vers le nord, je survole progressivement un barrage pour me récupérer plus loin sur les versants sud des premières crêtes d’une petite chaîne montagneuse orientée vers le nord est. Plus au nord, vers la plaine, le ciel est assez nébuleux sans révéler trop de cumulus, ceux-ci semblent restés confinés dans la zone convective des montagnes. Cette petite chaîne montagneuse me convient bien, j’abandonne l’idée de me diriger vers la ville de Gruyères. Il me faut maintenant atteindre le niveau des crêtes, et c’est là que le rodéo commence. La crête principale est jalonnée de ravines et de petites crêtes latérales qui, inondées de soleil, déclenchent et canalisent les thermiques, en plus de ceux qui viennent des villages de la vallée. Toutes ces ascendances qui s’élancent joyeusement à la conquête du ciel sont naturellement désordonnées, mais l’ensemble constitue un orchestre de passions déchaînées dont la violence des courants d’air est inouïe. Mon dieu, je ne souviens pas m’être fait autant secouer sous mon aile, tandis que je me bagarre férocement pour rester dans un thermique. Je me suis senti projeté contre l’intrados de l’aile, et mes mains accrochées sur la barre de contrôle m’ont retenu. Peu après, j’ai réussi à tenir dans du 7 m/s intégré. Et puis, j’ai eu peur. Quand les éléments deviennent tout fous, mon aile est comme une mouche, et si je me prends un cisaillement un peu costaud, je risque de gagner un tumbling ou un tonneau. Un bon 4 m/s m’aurait suffi amplement ! J’aurais volontiers échangé mon aile contre un planeur ! En tout cas, mon altitude est maintenant voisine de celle des crêtes, et je préfère quitter ce brasier aérologique (montagnes au nord de Château d’Oex) pour continuer vers l’est et retrouver enfin des ascendances plus sereines qui me hisseront tout aussi bien vers la base des nuages. D’ailleurs, celle-ci a encore baissé, car à 2700 m, je suis déjà dans les barbules. Au nord est, j’aperçois une autre jolie petite chaîne montagneuse, dont les crêtes fines et abruptes me font littéralement penser à un alignement de dents de requins. Mais ce sera juste pour le plaisir des yeux. Quant à la poursuite de mon vol, je reste prudemment au-dessus des montagnes plus douces, en me disant que je tenterais bien un point de virage au Niesen (2362 m) qui domine le lac de Thun. Ce n’est pas tout près, mais il est facile à repérer, étant à l’entrée de la vallée de la Simme. La présence de planeurs plus nombreux m’indique que je ne dois pas être loin de leur base, et effectivement, j’aperçois à l’est Zweisimmen sous un angle encore inconnu, ce qui me rassure car maintenant, je suis en terre « familière ». Les montagnes suisses sont ici très jolies. Nouveau plein d’altitude au-dessus du Hundsrügg (2046 m), puis je quitte les planeurs pour me lancer vers la vallée, et la traverser par un chemin qui n’est pas le plus court. Je me récupère en face sur une montagne (Niederhorn, 2078 m) à l’intérieur du coude que forme la vallée vers l’est (Nieder Simmental). Il n’est pas évident de trouver une pompe, car les cumulus ont quand même pris le loisir de s’étaler et l’ensoleillement devient manifestement plus clairsemé, sauf au milieu de la vallée… mais ce n’est pas le moment de me relâcher, il y a un objectif à atteindre ! Je longe au mieux les crêtes les plus hautes à l’affût de tout ce qui monte, tout en perdant de l’altitude, à me demander si je n’allais pas faire un atterrissage de complaisance sur une prairie d’altitude. Et puis la pompe que j’attendais se présente enfin, mais hélas le plafond a encore baissé, puisque je suis déjà dans le brouillard à 2550 m. Qu’à cela ne tienne, je continue.

Pour atteindre le Niesen, je dois encore traverser une petite vallée orientée vers le nord est, la Diemtigtal, qui rejoint la Nieder Simmental quasiment à l’entrée de celle-ci. Nouveau plein d’altitude le plus à l’est possible, et je m’élance par dessus cette petite vallée ensoleillée pour rejoindre les contreforts de la chaîne montagneuse qui relie directement Lenk au Niesen. Je me récupère au-dessus des ravines bien exposées au soleil, assez bas sous les crêtes, mais les ascendances espérées sont plutôt furtives et je poursuis malgré tout vers la montagne visée. Il me vient alors à l’esprit que l’entrée de la vallée de la Simme est passablement encaissée, et avec le petit monticule qui bloque de surcroît l’entrée (Burgfluh), cela doit constituer un sacré venturi lorsque la brise de vallée est montante. Le vent souffle donc en ralentissant ma progression, et en dispersant accessoirement les malheureux thermiques qui tenteraient de se former. Bref, à mi-hauteur sur les pentes du Niesen, je réalise que survoler cette montagne ne sera pas pour aujourd’hui, et qu’il vaut mille fois mieux faire demi-tour et utiliser ce qu’il me reste d’altitude pour trouver un champ correct et faire un atterrissage propre. Très vite, j’atteins vent dans le dos la rivière et le village de Diemtigen. J’ai de la chance, un thermique se présente à mon arrivée, et nous sommes aussitôt canalisés vers les pentes de la montagne située juste à l’ouest du village, et qui est placée pile poil en face du venturi. Des conditions thermiques et dynamiques sont ici réunies de manière excellente pour faire remonter l’aile, le pilote et son baromètre moral. A ce tableau réjouissant viennent s’ajouter quelques thermiques de restitution provenant des forêts qui tapissent la montagne et qui prennent le relais du thermique initial, ce qui ne gâte rien. Et me voilà bientôt propulsé au niveau du sommet (Pfaffen, 1943 m) que j’avais quitté auparavant pour tenter d’atteindre le sommet du Niesen. Mais les nuages recouvrent maintenant entièrement la chaîne montagneuse où je me trouve, et longer les crêtes sur le chemin du retour relève d’une entreprise délicate et incertaine. Les ascendances sont à peine suffisantes pour me maintenir juste au-dessus du relief, sans me laisser atteindre la base des nuages. Je décide de progresser en restant sur le versant Simmental, pour faciliter la récupe, même si les conditions semblent un peu meilleures du côté de la vallée de Diemtigen, mais dont l’accès par la route est bien plus long. Trop bas pour longer la crête principale vers le Niederhorn, je vais alors me mettre à sauter d’une crête latérale à une autre en restant le plus haut possible, c’est-à-dire en les rasant systématiquement. La Nieder Simmental étant toujours ensoleillée, je parviens à saisir des petits thermiques sur les crêtes latérales, ce qui me permet de maintenir mon altitude à un niveau à peu près constant. Mon objectif est de rentrer à Lenk, et pour m’aider à m’y accrocher mentalement, tout en exerçant ce petit jeu de rase-mottes qui devient épuisant nerveusement au bout de la journée, je ne trouve rien de mieux à faire que de visualiser le visage souriant et paisible de Daniel ! Peu à peu, je contourne le Niederhorn, survole l’aérodrome de Zweisimmen avec encore une bonne hauteur, et grâce à des thermiques de restitution rencontrés de-ci de-là, je parviens à rejoindre les abords de Lenk. Je me pose dans un grand champ d’herbe coupée (on en rencontre beaucoup dans le secteur) à côté d’une grande maison, fatigué mais heureux. Il est environ 16h15. La rencontre très amicale, en allemand et avec un rafraîchissement, des habitants et propriétaires des lieux se termine gentiment par un petit lift vers le centre ville, juste avant le déluge du soir ! Joyeuses retrouvailles avec Daniel et Lotti, une soirée chaleureuse, c’est formidable ! La distance du quadrilatère Lenk, Tour d’Aï, Montbovon (changement de route à la hauteur de ce village juste avant la séance de rodéo aérien), Niesen et retour s’élève à 126 km. Pour une première découverte aérienne de cette belle région, mon vol a été, comme dirait Daniel… formidable ! Et pour mieux savourer le souvenir de cette journée fantastique, pluie et repos ont été les bienvenus le lendemain !

Frédéric Lévy